La réintroduction vise à restaurer les populations d’espèces animales ayant disparues dans leur milieu naturel. Très difficile, elle demande de grands moyens financiers, et implique un environnement viable, où les menaces à l’origine de l’extinction des espèces ont disparu. Cependant, une cinquantaine d’espèces ont été réintroduites avec succès. Découvrez-en cinq exemples !
Le gypaète barbu
Le gypaète barbu est l’un des plus grands rapaces des régions montagneuses d’Europe. Considéré comme un prédateur sanguinaire, ce charognard a été persécuté au début du XXe siècle. La forte pression humaine entrainant la raréfaction de la nourriture, l’empoisonnement, la chasse et la dégradation de son milieu ont provoqué sa disparition dans les Alpes. Ces nombreuses menaces le classent parmi les espèces « En danger » selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Le projet de réintroduire ce vautour dans les Alpes a été établi en 1978. Grâce au programme d’élevage mis en place par de nombreux parcs zoologiques, 190 oiseaux ont été relâchés entre 1986 et 2012 dans quatre sites différents (Autriche, Haute-Savoie, Suisse et Alpes méridionales). Malgré des débuts difficiles, l’espèce parvient à présent à se reproduire dans son milieu naturel. Environ soixantaine naissances ont eu lieu depuis 1997, et aujourd’hui, plus de 140 gypaètes voleraient à nouveau au-dessus de l’arc alpin.
Le cheval de Przewalski
Considéré comme la dernière espèce de chevaux sauvages, le cheval de Przewalski a été victime des chasseurs et des captures, le classant comme « Eteint à l’état sauvage » par l’UICN jusqu’en 1990. Depuis, divers projets de conservation ont été mis en place visant à réintroduire cette espèce en Mongolie. En France, l’association TAKH a permis le lâcher de 22 équidés en 2004 et 2005. Aujourd’hui, environ 400 chevaux vivent en liberté dans les steppes. Ils restent cependant menacés par la présence des troupeaux des éleveurs locaux, susceptibles de rentrer en compétition avec eux pour l’espace et la nourriture. Des risques de transmissions de maladies et des cas d’hybridation avec d’autres chevaux peuvent en résulter, classant aujourd’hui le cheval de Przewalski comme « En danger » selon l’UICN.
Le loup gris
Le loup gris a failli disparaitre d’Amérique du Nord à cause des campagnes d’éradication menées dans les années 1930, le faisant finalement s’éteindre dans le parc national de Yellowstone dans les années 1970. Entre 1995 et 1996, 31 canidés y ont été réintroduits, devenus une centaine en l’espace de cinq ans. La réintroduction de ce grand prédateur a eu un effet bénéfique sur la chaine alimentaire de l’écosystème du parc. L’effectif des grands herbivores qui étaient devenus trop nombreux, comme les wapitis, a été réduit grâce à la prédation des loups. Cela a permis à la flore de se renouveler avec la réapparition de certaines plantes. Les castors ont alors pu utiliser à nouveau les branchages pour construire des barrages abritant de nombreuses autres espèces. Un tel accroissement de la végétation a réduit l’érosion des sols et stabilisé les berges des rivières. Cela a également favorisé l’accroissement des populations de bisons et la réapparition de grands prédateurs comme le puma et l’ours brun. Enfin, la prédation ayant augmenté, les carcasses laissées par les carnivores ont permis aux charognards (aigles, coyotes, corbeaux) de trouver de nouvelles sources de nourriture.
Le tamarin lion doré
Le tamarin-lion doré est un petit singe originaire du Brésil. Très menacé par la déforestation, la fragmentation de son habitat et le braconnage, il a failli disparaître dans les années 1970 avec une population d’à peine 200 individus. Un plan de conservation a alors été établi en 1990. 75 callithricidés issus des programmes de reproduction en parc zoologique ont ainsi été relâchés dans les forêts brésiliennes. Cette opération est devenue mondiale, impliquant 40 organisations et 140 parcs zoologiques. Grâce à la réintroduction de 147 primates nés en parcs et au déplacement d’animaux sauvages isolés, le programme a été un véritable succès : la population sauvage a pu augmenter de 80%, comptant à présent plus de 1000 tamarins. Après trente années d’efforts, son statut de conservation a été révisé, passant de « En voie d’extinction » à celui de « En danger » selon l’UICN.
L’ours brun
La population d’ours bruns dans les Pyrénées a connu un rapide déclin depuis le début du XXe siècle, qui ne comptait alors qu’environ 150 individus. En 1992, seule une dizaine d’ours vivaient encore dans les Pyrénées occidentales. Un plan de renforcement de la population a donc été mis en place à partir de 1996, par le biais de nombreux lâchers dont les derniers datent de 2018. Aujourd’hui, une quarantaine d’ours ont été recensés sur l’ensemble des Pyrénées, mais les études montrent qu’il faudrait atteindre au moins 50 individus matures pour que leur population soit viable. De nouvelles réintroductions sont donc nécessaires, mais de nombreux bergers de montagne y sont opposés par crainte d’attaques d’ours sur leurs troupeaux. Malgré les solutions proposées pour rendre cette cohabitation possible, comme l’aide de chiens ou une surveillance plus fréquente des ovins, les éleveurs refusent toute nouvelle réintroduction, jugeant le plantigrade trop dangereux. Il est donc essentiel de résoudre les conflits d’intérêt par la médiation en recherchant d’autres solutions et permettre ainsi la sauvegarde de l’ours brun.
Crédits photos : Sophie Homsi ; Trekking Days ; Noel Reynolds ; Dunnock_D ; t_buchtele