Avez-vous déjà remarqué que chez les oiseaux d’une même espèce, certains affichent de jolies couleurs tandis que d’autres des couleurs plus ternes? Nous sommes généralement en présence d’un mâle et d’une femelle et c’est ce qu’on appelle dans le jargon animal le dimorphisme sexuel. Phénomène couramment retrouvé dans le règne animal, notamment chez les espèces avicoles.
Quelques exemples d’oiseaux chez qui on retrouve ce phénomène
C’est le cas du bouvreuil pivoine, dont le mâle arbore un abdomen rose orangé alors que celui de la femelle est brun clair, ou encore du faisan de Colchide qui présente des couleurs bleues, vertes et rouges au niveau de la tête, quelquefois une collerette blanche et un plumage à dominante rousse alors que la faisane est plutôt d’un brun uni. Le mâle mérion superbe exhibe quant à lui, de belles couleurs bleues argentées en période de reproduction tandis que la femelle a un plumage marron.
Les oiseaux utilisent la couleur du plumage comme moyen de séduction
Des mâles en compétition pour être les plus beaux
On peut alors se demander pour quelles raisons de telles différences sont observées entre les deux sexes chez les oiseaux. Une des raisons qui peut l’expliquer est le concept de la sélection sexuelle, mis en avant par le père de la théorie de l’évolution, Charles Darwin.
La sélection sexuelle, en quelques mots, est une des composantes de la sélection naturelle et au contraire de celle-ci, elle ne concerne pas directement la survie, mais plutôt les capacités d’un individu à se reproduire. Cette capacité à se reproduire, et donc à assurer sa descendance, passe, entre autres, par le développement de caractéristiques physiques (comme le plumage par exemple) mais aussi comportementales (comme le chant ou savoir construire de bons nids) chez les mâles, qui seraient des caractéristiques importantes pour que les femelles acceptent de se reproduire avec eux.
Dans notre cas des oiseaux aux couleurs vives, les mâles peuvent alors mieux « séduire » leur partenaire et « évincer » leurs rivaux. Comme c’est un critère de choix pour les femelles, c’est donc à celui qui aura le plus beau plumage ! Le cas le plus connu est celui du paon, si vous en avez déjà vu un faire la roue, sachez que c’était un mâle qui exposait ses plus beaux attributs pour faire la cour à une femelle ou impressionner un rival avec sa belle queue colorée que ces dames n’ont pas !
Le mâle propose et la femelle dispose
Si les oiseaux font autant d’efforts (parades) pour mettre en valeur leur belles couleurs pour être les plus beaux pour leur dame, c’est parce que c’est elles qui choisissent qui aura l’honneur de leur transmettre leur patrimoine génétique, et il ne faut pas choisir n’importe qui !
En effet, toujours selon Darwin, les femelles d’une espèce animale, avicole ou non, recherchent chez leur partenaire des caractéristiques qui montrent qu’il est le « plus fort » et qu’il est capable de survivre dans son environnement. Si elles s’accouplent avec le bon mâle, alors leur descendance sera aussi capable de se maintenir en vie.
Des couleurs vives qui rendent les oiseaux plus vulnérables face aux prédateurs
Mais il y a un hic : arborer des couleurs voyantes rend l’individu plus vulnérable face aux prédateurs, c’est pour lui un handicap dans la mesure où cela peut représenter un risque pour sa survie.
Si les femelles recherchent le mâle qui a le meilleur patrimoine génétique assurant à sa progéniture de bonnes chances de survie, alors pourquoi choisir ceux qui sont les plus visibles pour les prédateurs ?
D’après la théorie du handicap élaborée dans les années 70 par le biologiste Zahavi, les femelles interpréteraient ce signal (la couleur vive) comme une preuve de robustesse, de bonne santé. En effet, si en dépit de cette caractéristique physique coûteuse qui augmenterait leur risque de prédation ces mâles sont toujours en vie, alors cela signifierait que ce sont les plus vigoureux et donc les meilleurs géniteurs (cette théorie n’est pas la seule explication possible, il en existe de nombreuses autres, à creuser si cela vous intéresse !).
Vous avez à présent une des clés pour expliquer cette différence physique entre les mâles et les femelles chez certaines espèces d’oiseaux. Mais sachez qu’on retrouve des phénomènes similaires chez toutes les espèces animales, y compris chez l’homme 😉 !
Crédits photo : Bernard DUPONT ; Martha de Jong-Lantink