L’homme est un grand perturbateur de la nature. À mesure que sa population croît, il s’étend de plus en plus sur les espaces naturels pour construire de nouvelles infrastructures : logements, centres commerciaux, réseaux routiers, réseaux électriques, champs agricoles, etc. Tout cela engendre de nombreuses perturbations pour la biodiversité comme la pollution lumineuse, la pollution sonore, une dégradation des habitats, sans parler du changement climatique induit par l’ensemble de nos activités rejetant du gaz à effet de serre.
Une centaine d’espèces disparaitrait par jour
Il est estimé qu’environ une centaine d’espèces animales disparaitrait par jour par notre faute. Ceci dit, certains animaux semblent s’adapter ou du moins modifier leurs comportements face aux contraintes provoquées par la présence humaine.
Des animaux de plus en plus nocturnes
La présence humaine engendre de la peur chez les animaux. Pour eux, nous sommes des prédateurs qu’il faut absolument éviter. Pas si simple pour les espèces animales qui, comme nous, vivent le jour et dorment la nuit ! Cependant, certaines espèces tendent à changer leur période d’activité. Initialement diurnes, elles deviennent nocturnes – ou du moins, elles augmentent leurs activités durant la nuit –, pour bénéficier de plus de tranquillité.
Quelques exemples d’animaux ayant changé leur période d’activité
Ce phénomène apparaît chez plusieurs mammifères comme le daguet rouge par exemple, qui, face à la pression de la chasse locale adapte son activité en fonction du jour ou de la nuit. Le sanglier vivant proche des centres urbains est presque exclusivement nocturne, contrairement aux populations vivant en forêt. Une population de chimpanzés, du Parc National de Kibale en Ouganda, a été étudiée pour la première fois en activité durant plusieurs nuits consécutives, pillant des champs de cultures pour éviter les conflits avec les paysans.
Une stratégie qui n’est pas sans conséquences
Cependant, cette stratégie adaptative n’est pas forcément idéale pour ces animaux, initialement diurnes, qui peuvent voir leur survie et leur reproduction altérées. En effet, ils entrent dans un monde auquel ils ne sont pas forcément adaptés, et où les espèces (proies – prédateurs) interagissent déjà entre elles. Ils peuvent alors avoir du mal à trouver de la nourriture, à se repérer dans le noir, à adopter des comportements anti-prédation efficaces. Ils peuvent aussi avoir moins de relations sociales avec leurs congénères qui ont gardé une activité le jour.
Des espèces animales qui s’acclimatent à la vie urbaine
D’autres espèces qu’on ne voyait jamais dans des villes sont forcées, à cause de la dégradation et de la destruction de leur habitat, de s’adapter à un « mode de vie urbain ».
C’est par exemple le cas de la genette tigrine, petit mammifère carnivore qui ressemble à un grand chat qu’on retrouve dans certaines villes comme Durban en Afrique du Sud, qui trouve désormais le gîte sur le toit des maisons. Elle se nourrit, par opportunisme, dans les gamelles des animaux domestiques. Le renard, l’ours ou encore le corbeau sont autant d’espèces qui recherchent dans nos déchets de quoi se nourrir ou qui profitent de la nourriture des animaux domestiques laissée à disposition pour se sustenter.
Des effets indésirables
Cependant, se nourrir aux dépends de l’homme n’est pas non plus une stratégie toujours bénéfique pour les animaux. Chez les ours par exemple, cette pratique les pousse à moins hiberner. Cela provoque chez eux un vieillissement cellulaire plus important, car l’hibernation, qui ralentit les activités physiologiques sans baisse importante de la température corporelle, leur permet de se régénérer. Chez d’autres espèces, cela peut également avoir un impact direct sur leur structure sociale, leur activité, et l’utilisation qu’ils ont de leur espace.
Un changement des habitudes migratrices chez certains oiseaux
Enfin, le changement climatique a aussi un impact négatif sur les comportements migratoires des animaux. En effet, les températures se font de plus en plus douces, alors, certains oiseaux migrateurs, comme le balbuzard pêcheur ou la cigogne, ne prennent plus la peine de se rendre jusqu’en Afrique pour passer la saison hivernale. Ils restent en France ou s’arrêtent désormais en Espagne ou au Portugal.
Rendez-vous dans quelques années pour voir où elles en sont.
Sources :
Gaynor, K.M. & al. (2018). The influence of human disturbance on wildlife nocturnality. Science 360, 1232-1235
Krief, S. & al. (2014). Wild chimpanzés on the Edge : Nocturnal activities in Croplands. PLoS ONE 9(10) : e109925.
Kirby, R. & al. (2019). The cascading effects of human food on hibernation and cellular aging in free-ranging black bears. Scientific Reports 9, n° 2197.
Widdows, C. & Downs, C.T. (2018). Genets in the city : community observations and perceptions of large-spotted genets (Genettq tigrina) in urban environment. Urban Ecosystems, Vol.21(2), pp. 357-367.
Crédits photos : Sam Rodgers ; hedera.baltica
merci beaucoup pour ces renseignements très utiles
très bonne continuation et surtout prenez soin de vous.