Au-delà de nous empêcher de contempler les étoiles, la lumière artificielle émise la nuit, aussi appelée pollution lumineuse, a un impact néfaste sur la biodiversité, notamment sur les oiseaux. Voyons ce qui se cache sous le terme de pollution lumineuse et quelles sont ses conséquences sur l’avifaune.

La pollution lumineuse, qu’est ce que c’est ?

Vous avez sans doute déjà vu, à l’approche des grandes villes, le halo de lumière les surplombant, où vous vous êtes peut-être déjà senti comme en plein jour face aux nombreux immeubles, tours et panneaux publicitaires éclairés ; ou encore avez vous été ébloui par le faisceau lumineux d’un phare. Tout cela fait partie de ce que l’on appelle la pollution lumineuse. Puissance lumineuse excessive, éblouissement et luminescence du ciel nocturne en sont les différents types.

Bien que les ornithologues aient constaté les impacts d’un excès de lumière sur les oiseaux, depuis les années 1920, ce sont les astronomes, dans les années 80, qui ont alerté l’opinion publique sur ce phénomène et ses inconvénients.

Nos lumières la nuit, des pièges pour les oiseaux

Les déplacements des oiseaux affectés par la lumière

Les oiseaux se déplacent grâce à la lumière émise naturellement par le ciel (la lune, les étoiles, la voie lactée), faisant office de point de repère. Alors, lorsque des lumières artificielles éclairent leur environnement, leurs repères se trouvent perturbés, provoquant des évènements regrettables.

Le cas le plus étudié est celui des oiseaux migrateurs. La plupart d’entre eux se déplacent de nuit. Lorsqu’ils survolent nos villes éclairées, ceux qui se dirigent grâce aux étoiles, comme le canard ou des espèces de passereaux par exemple, se trouvent complètement désorientés. Certains se heurtent contre les entités émettant de la lumière (tours TV, plateformes pétrolières, etc.), d’autres se retrouvent pris au piège sous le dôme lumineux de nos villes. Privés de leur sens pour s’orienter, ils tournent en rond pendant des heures, s’épuisant sur leur longue route migratoire.

Une étude récente a par exemple démontré les perturbations comportementales sur les oiseaux migrants la nuit, induites par le faisceau lumineux installé à New-York pour l’hommage aux victimes du 11 septembre 2001. Une fois allumé, de nombreux oiseaux se sont regroupés autour de lui en volant de manière circulaire, tout en diminuant leur vitesse de vol et en vocalisant fréquemment.

D’autres espèces avicoles qui vivent à proximité des centres urbains se retrouvent parfois désorientées en période de nidification. En effet, quelquefois attirés par des sources lumineuses, ils auraient du mal à retrouver la direction de leur nid.

C’est le cas des Pétrel Barreau, espèce endémique de l’Ile de la Réunion, qui au moment de quitter leur terrier dans les montagnes pour regagner l’océan, s’échoueraient proche d’éléments dégageant de la lumière. Pris au piège, ils ne pourraient plus reprendre leur envol, et deviendraient des proies faciles pour leurs prédateurs.

Pollution lumineuse et comportement des oiseaux - Instinct Animal

La pollution lumineuse des villes modifie le comportement des oiseaux – Instinct Animal

Nos lumières la nuit, responsables de changements comportementaux chez les oiseaux

Les lumières artificielles provoquent plusieurs changements comportementaux chez les espèces avicoles que l’on retrouve dans les villes, ou en périphérie.

Des effets sur la reproduction

Une exposition à des sources lumineuses durant la nuit provoque un changement dans le cycle de reproduction de certaines espèces. Chez le merle noir, cette exposition engendre un système de reproduction plus précoce (un mois avant) que ceux qui n’y sont pas exposés. Alors que chez le moineau domestique, c’est le contraire. Face à de fortes perturbations lumineuses, son système reproducteur endocrinien est retardé.

Des perturbations sur le cycle de la journée

Tout comme chez l’homme, dormir avec la lumière est dérangeant. L’hormone du sommeil, la mélatonine, en est affectée. Certaines espèces seraient perturbées par l’absence de noir complet, continuant alors à être actives une fois la nuit venue.

D’autres encore, commenceraient leur journée plus tôt que des oiseaux n’étant pas soumis à la pollution lumineuse.

Il ne nous reste donc plus qu’à éteindre nos lumières la nuit !

Sources : J.-Ph. Siblet, 2008 : Impact de la pollution lumineuse sur la biodiversité. Synthèse bibliographique. Rapport MNHN-SPN / MEEDDAT n°8 : 28 pages.

Plan de Conservation Pétrel de Barau SEOR / ECOMAR– Document définitif 07/02/2008

Isaksson C. (2018) Impact of Urbanization on Birds. In: Tietze D. (eds) Bird Species. Fascinating Life Sciences. Springer, Cham

Zhang, X. & al. (2017). Intensity dependent disruptive effects of light at night on activation of the HPG axis of tree sparrows (Passer montanus). Environmental pollution, Vol. 249, pp. 904-909.

Crédits photos : Aurel ; ongushi

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