Fille ou garçon, mâle ou femelle ? Nous connaissons tous le rôle que jouent les chromosomes X et Y hérités des parents pour déterminer le sexe de leur progéniture. Mais sachez que ça ne se passe pas de cette façon chez certaines espèces animales. Oubliez ce que vous connaissez sur le déterministe génétique, et plongeons ensemble dans l’intimité d’un nid de crocodiles

Le cycle de reproduction d’un crocodile : de la rencontre des parents à l’éclosion des œufs

Après avoir paradé pour se séduire, le mâle et la femelle s’accouplent, c’est la fécondation interne.

Fécondées, les femelles pondent leurs œufs : entre 20 à 50 généralement, certaines couvées peuvent atteindre jusqu’à 90 oeufs. Les femelles de l’espèce des crocodiles du Nil enterrent leurs œufs dans le sable, sur les berges des cours d’eau, tandis que certains alligators les pondent dans des nids qu’ils auront fabriqués avec des débris de végétaux et de la terre. La période d’incubation dure environ 3 mois. Alertée par les cris de ses petits au moment de l’éclosion des oeufs, la mère qui les aura protégés pendant l’incubation viendra aussitôt s’en occuper. En effet, de nombreuses menaces pèsent sur eux au début de leur vie. Chez les crocodiles seuls 5 individus sur 100 survivent après leur venue au monde.

Mâle ou femelle, tout dépend de la température chez ces reptiles !

Si  le mode  de reproduction du crocodile est  assez similaire à celui des autres espèces animales, il n’en est pas de même pour le déterminisme  sexuel.

Chez les crocodiles, la détermination du sexe se fait après la conception. Au contraire de l’homme, ce ne sont pas les chromosomes qui fixent leur sexe, mais plutôt la température extérieure ! Ce phénomène s’appelle la « détermination thermique du sexe ».

En d’autres termes, les températures au cours de l’incubation jouent un rôle primordial sur la détermination du sexe de ce reptile.

Alors, quelle température pour une femelle crocodile ?

Bien que plusieurs études se soient penchées sur cette question, il est difficile d’avoir des données précises sur les températures déterminantes du sexe pour l’ensemble des espèces de crocodiles en milieu naturel.

Cependant, une étude réalisée sur les crocodiles du Nil, a permis de constater qu’une température comprise entre 31,7° et 34,5° favorise la naissance de petits mâles. À l’inverse, des températures inférieures à 31,5° et supérieure à 35° favorisent la naissance des femelles. Le même constat a été fait chez l’alligator d’Amérique : des températures inférieures à 31,5° et supérieures à 35° donnent 100 % de femelles ; des températures d’un peu plus de 32° jusqu’à 33° donnent 100 % de mâles.

Entre 33° et 35° les sexes varient.

Le sexe des crocodiles du Nil est déterminé par la température des oeufs - Instinct Animal

L’impact de la position de l’œuf dans le nid

La position de l’œuf dans le nid va aussi avoir un impact. En effet, l’œuf ne sera pas exposé à la même température s’il se trouve en dessous, au milieu ou au-dessus. Chez les crocodiles du Nil, les œufs se trouvant dans la partie la plus froide du nid – au-dessous – seront plutôt des femelles, alors que ceux dans la partie plus chaude – au dessus – seront plutôt des mâles (si la température n’excède pas 34,5°). 

Le changement climatique, une incidence sur la survie de l’espèce ?

Une possible influence du changement climatique sur le sexe ratio des crocodiles

Si le réchauffement climatique de la planète est indéniable, ses effets sur le sexe ratio chez cet animal sont encore flous.

Quelques scientifiques ont récemment étudié le phénomène sur la tortue peinte, dont le sexe est également déterminé thermiquement. En se basant sur différents modèles d’augmentation de la température du globe, ils démontrent une féminisation des œufs du nid (qui dans nos conditions actuelles seraient normalement des mâles) plus ou moins totale selon le scénario.

Si ces résultats sont généralisables aux espèces qui ont le même déterminisme sexuel, alors le crocodile serait également impacté, voyant sa population devenir de plus en plus féminine ou masculine. Néanmoins, afin de le confirmer, des études supplémentaires sont à mener.

Alors, affaire à suivre…

Sources : Valenzuela, N., & al. (2019). Extreme thermal fluctuations from climate change unexpectedly accelerate demographic collapse of vertebrates with temperature-dependent sex determination. Scientific Reports, 9

Crédits photos : Jill Bazeley ; Federico Moroni

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